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Comment #meetoo a pu nuire aux pratiques de photographes pervers pourtant bien installés

En octobre 2017, le hashtag #meetoo a initié un phénomène planétaire invitant les victimes de harcèlements et d’agressions sexuelles à s’exprimer sur leurs malheureuses expériences. En France, la population a relayé le mouvement en empruntant le hashtag #balancetonporc. Si il est bon de souligner la nécessité d’interpeller le grand public sur ces problématiques très graves, des voix se soulèvent pour dénoncer les dérives que cela peut engendrer.

En France, une poignée de photographes ont souhaité que nous portions leurs témoignages sur ce qu’ils endurent depuis bientôt un an. Nous sommes donc allés à la rencontre d’un des leurs, Olivier *, photographe et formateur à Paris. Nous lui avons demandé ce que le phénomène #meetoo a modifié dans son quotidien.

Olivier : Bonjour, alors avant tout, je dois vous faire un historique de ma vie. Je ne suis pas venu à la photographie par choix, ne vous trompez pas, mais c’était pour moi la façon la plus simple de rencontrer et de lier des contacts avec un grand nombre de femmes pas toujours très alertes et donc susceptibles d’être manipulées. Je m’explique. Avant j’étais une sorte de mentaliste et/ou medium, tout du moins, je me décrivais de la sorte. Comprenez, je ne réfléchis qu’avec ma bite, et je n’ai aucun respect pour le sexe opposé. Le problème, c’est qu’à part des femmes de plus de quarante ans, je ne fréquentais pas beaucoup de chair fraiche.

La rédaction : Attendez. Vous voulez nous faire comprendre que vous avez transformé votre perversion en business photo ?

Olivier : C’est ça. Alors ok, pour les apparences, je donne des cours de photographie à des photographes amateurs. Je leur raconte n’importe quoi, et avec un peu de charisme, ça passe. Vous devriez essayer.

La rédaction : Et ensuite ?

Olivier : Et bien, le génie c’est de proposer des cours de photographie aux modèles. C’est du one to one, elles viennent chez moi et je leur explique comment on devient modèle.

La rédaction : Vous pouvez nous en dire plus sur ces cours ?

Olivier : Bien sûr. Avant de se mettre à nue, elle doivent se mettre toute nue. C’est important de pouvoir se livrer et de montrer qu’elle peuvent avoir confiance. Je leur propose bien sûr de l’alcool si elles ont du mal à passer cette première épreuve. Entre vous et moi, j’ai aussi toujours quelques cachets. Et puis là, je leur explique qu’une modèle doit savoir séduire le regard de son photographe, et que pour pouvoir sublimer un moment il faut savoir aller au delà de toutes ses barrières mentales qu’elles peuvent encore entretenir. Ce n’est pas parce qu’on leur met la main au sexe ou qu’on leur demande une fellation qu’il faut se braquer … Et puis, je trouve que simuler l’orgasme c’est mentir en photographie. Je leur demande d’arriver à exprimer un vrai orgasme et si besoin, je peux aider.

La rédaction : On peut en revenir à #meetoo ?

Olivier : Voilà, saleté de #meetoo. Depuis quelques temps, d’anciennes stagiaires soutiennent que le contenu de mon cours porte atteinte à leur intégrité physique et morale. Mais ça fait des années que je fais ça et je n’ai jamais eu de problème ! Vous me promettez de publier mon témoignage ?

La rédaction : Bien sûr, par contre, nous ne pourrons pas vous faire de publicité.

<em>* Nous utilisons régulièrement des prénoms d’emprunt pour ne pas faire de la publicité gratuite pour les personnes concernées.</em>